di Nadia Lamlili
In tutti i paesi del mondo arabo, le cose si stanno muovendo in favore delle donne. Ma gli educatori, gli stati e soprattutto gli imam devono accompagnare questo vento di cambiamento.
L’anno 2018 potrebbe annunciarsi positivo dopo le buone notizie che il 2017 ha portato nei paesi arabi in materia di diritti delle donne.
La Tunisia, in questo storicamente pioniera, è il paese che più si è distinto: ricordiamo la decisione annunciata dal Presidente Beji Caid Ebessi in agosto sulla riforma delle leggi mussulmane sull’eredità per permettere l’eguaglianza uomo/donna nella successione dei beni, e un mese dopo gli uffici della Presidenza hanno annunciato l’abrogazione di tutte le disposizioni che impedivano il matrimonio delle tunisine con un non-mussulmano.
La forza del vento del cambiamento ha soffiato anche sui paesi più retrivi del mondo in materia di diritti delle donne: il 26 settembre un editto reale ha autorizzato le donne saudite a guidare l’auto! Ne possiamo sorridere, ma è una rivoluzione in un regno in cui ogni donna vive ancora sotto la tutela di un uomo della famiglia.
La Giordania e il Libano non sono da meno. Seguendo il modello della Tunisia, hanno abolito la possibilità che lo stupratore possa evitare la pena del carcere sposando la sua vittima.
Dunque, nel mondo arabo le cose cambiano davvero a favore delle donne. Ma solo a livello delle leggi. Nel quotidiano delle donne infatti continua a prosperare un grande flagello, quello delle molestie e delle aggressioni sessuali.
Le immagini delle aggressioni che ci sono venute dal Marocco (tra le quali quella di un tentativo di stupro collettivo di una ragazza su un bus), l’aggressione sessuale di ragazze da parte di forze di polizia tunisine (la foto in prima pagina riprende la manifestazione di protesta a Tunisi), le continue aggressioni contro donne e ragazze egiziane anche in pieno giorno: tutto questo ci riporta alla realtà della violenza maschile contro le donne nelle strade.
In Egitto, considerato uno dei paesi più pericolosi per le donne, un avvocato conservatore ospite di una trasmissione televisiva molto popolare è arrivato a dire che la ragazza che cammina per strada con un jeans strappato “merita di essere violentata” – “è un dovere nazionale molestarla e violentarla”. Gli altri invitati inorriditi, in seguito è stato condannato a tre mesi di carcere.
Queste dichiarazioni violente, criminali ci ricordano che il corpo delle donne ancora non appartiene loro, malgrado le buone intenzioni dei politici. Nei paesi arabi la produzione di maschi alfa continua a pieno regime. Ogni giorno dai social, in rete piovono fiumi nauseabondi contro le donne e i loro corpi, le affermazioni e l’istigazione alla violenza dell’avvocato egiziano non sono isolate.
Riflettiamo: le posizioni riformiste non possono affermarsi soltanto con le leggi e qualche lezione impartita da una scuola spesso carente. È tempo di utilizzare lo strumento che più largamente parla alla gente, alla strada: la religione. Per lunghi decenni le moschee hanno spesso reclutato jihadisti e spacciato discorsi oscurantisti alla gioventù araba. È tempo che si trasformino in porta-parola della nuova società che vogliamo costruire. Tutti i venerdì invece di diffondere visioni manichee basate su ciò che è permesso e ciò che è vietato (“halal” e “haram”) gli imam devono re-insegnare alle persone le regole di base del vivere civile: è vietato molestare una donna per strada, le donne hanno diritto allo spazio pubblico come gli uomini, lo stupro è un crimine agli occhi di Allah.
Va da sé che questo cambiamento sarà più facile nei pesi in cui lo Stato esercita un controllo sul culto. Nel Marocco, il re, prima autorità religiosa del paese, ha potuto avviare una vasta riforma, anche se questa avanza timidamente per la resistenza dei conservatori. Lo stato tunisino, che quest’anno ci ha piacevolmente sorpreso, potrebbe pure favorire questo cambiamento, almeno nelle moschee che sono sotto la sua ala (alcune sfuggono ancora al suo controllo).
Nel momento in cui la parola si libera un po’ dovunque nel mondo per la spinta dello scandalo Weinstein, poche sono le donne arabe che dichiarano gli atti di aggressione che hanno subito. Quelle che osano farlo e si sono unite al movimento ‘METOO’ appartengono alla classe media, sono istruite, da tempo impegnate nella lotta per la loro emancipazione. Ma la grande maggioranza, quelle che non parlano, quelle che non si fanno sentire nascondono le loro ferite nel limbo del silenzio e della vergogna.
Quando queste vedranno che le parole di Allah cambiano nelle moschee e che gli uomini cominciano a guardarle come essere umani e non come “aoura” (tentazione) allora potranno vivere senza vergognarsi della loro femminilità.
È chiaro che nei paesi arabi non basta emanare leggi per ottenere dei diritti. È necessario educare il popolo.
(Traduzione italiana, wwww.libreriadelledonne.it, 2 gennaio 2018)
Originale pubblicato su Jeune Afrique:
Allah est grand, la femme aussi…
par Nadia Lamlili
Dans tous les pays du monde arabe, les lignes sont en train de bouger en faveur des femmes. Mais les éducateurs, les États et surtout les imams doivent accompagner ce vent de changement.
L’année 2018 s’annonce prometteuse après le lot de bonnes nouvelles que 2017 a apporté dans les pays arabes en matière de droit des femmes. C’est la Tunisie, historiquement pionnière, qui s’est le plus illustrée, avec deux actions « coup de poing ». Le 13 août 2017, à l’occasion de la journée de la femme tunisienne, le président Béji Caïd Essebsi a décrété vouloir réformer les lois musulmanes sur l’héritage afin de permettre l’égalité successorale. Un mois après, l’entourage présidentiel a annoncé l’abrogation de toutes les circulaires interdisant le mariage des Tunisiennes avec des non-musulmans.
De quoi hérisser la barbe des gardiens du temple orthodoxe, dont ceux de la prestigieuse institution Al-Azhar, qui ont désavoué ces réformes, les qualifiant de « contraires à la charia ».
Mais c’était compter sans la force de ce vent de changement, qui a soufflé même sur les pays les plus régressifs du monde en matière des droits des femmes. Le 26 septembre, un décret royal a autorisé les Saoudiennes à conduire. On peut en rire, mais c’est une révolution dans un royaume où chaque femme vit encore sous la tutelle d’un homme de sa famille. La Jordanie et le Liban n’ont pas démérité non plus. Suivant le modèle tunisien, ils ont aboli la possibilité pour un violeur d’échapper à la prison s’il épouse sa victime.
Dans le monde arabe, les lignes sont bel et bien en train de bouger en faveur des femmes. Mais uniquement au niveau des lois. Car leur quotidien pâtit encore d’un fléau majeur, appelé harcèlement sexuel.
Les images d’agression qui nous sont venues cette année du Maroc, dont celles d’une tentative de viol collectif d’une jeune fille dans un bus, nous ont rappelé la réalité violente de la rue. En Égypte, pays considéré comme le plus dangereux pour les femmes, un avocat conservateur, interviewé par une chaîne de télévision locale, en est arrivé à dire que la fille qui marche dans la rue avec un jean déchiré « mérite d’être violée ». « C’est même un devoir national que de la harceler et la violer », avait-il vociféré sous le regard horrifié des autres invités. Il a depuis été condamné à trois ans de prison.
Ces déclarations violentes, pour ne pas dire criminelles, viennent rappeler que le corps de la femme, malgré les bonnes intentions des politiques, n’appartient toujours pas à celle-ci. Dans bien des pays arabes, la fabrique du mâle alpha tourne à plein régime. Tous les jours, les réseaux sociaux dégagent des effluves aussi nauséabonds que l’appel à la violence de cet avocat égyptien.
Résultat: le discours réformiste ne peut plus passer uniquement par les lois et les quelques leçons dispensées par un enseignement public défectueux. Le temps est venu d’utiliser l’instrument qui parle le plus à la rue: la religion. Pendant de longues décennies, les mosquées ont servi à embrigader les jihadistes et à vendre un discours des plus obscurantistes à la jeunesse arabe.
Il est grand temps qu’elles se transforment en porte-voix de la nouvelle société que nous voulons édifier. Tous les vendredis, au lieu de décréter leur vision manichéenne du halal et du haram, les imams doivent réapprendre aux gens les règles basiques du savoir-vivre: qu’il est interdit de harceler une femme dans la rue, qu’elle a droit à l’espace public autant que l’homme, que le viol est un crime aux yeux d’Allah…
Il va sans dire que ce changement sera plus facile à mener dans les pays où l’État exerce un contrôle sur le culte. Au Maroc, le roi, première autorité religieuse du pays, a pu lancer une réforme d’envergure, même si elle avance timidement en raison de la résistance des conservateurs. L’État tunisien, qui nous a agréablement surpris cette année, pourrait aussi insuffler ce changement, du moins dans les mosquées qui sont sous son aile (certaines échappent encore à son contrôle).
Au moment où la parole se libère un peu partout dans le monde dans le sillage de l’affaire Weinstein, rares sont les femmes arabes qui ont déballé les actes d’agression qu’elles ont subis. Celles qui ont osé dire #metoo sont généralement issues de la classe moyenne, instruites et engagées depuis longtemps dans la bataille de leur libération. Mais le plus gros du bataillon – celles qui ne parlent pas, qu’on n’entend pas – a refoulé ses blessures dans les limbes du silence et de la hchouma (« honte »).
Lorsqu’elles verront que le discours d’Allah a changé dans les mosquées et que les hommes ont commencé à les regarder comme des êtres humains et non comme une aoura (« tentation »), les femmes pourront alors exister sans avoir honte de leur féminité.
Dans les pays arabes, on l’aura compris, il ne suffit pas d’édicter des lois pour arracher des droits. Il faut aussi éduquer le peuple.
(www.jeuneafrique.com, 27 decembre 2017)